Allez, tiens, prends ça dans la gueule. Saleté de chômeur qui profite du système, part en vacances pendant deux mois et ne cherche surtout pas du boulot. Voilà la pensée qui anime le gouvernement. Une vision très restrictive qui semble oublier qu'on ne choisit pas de se retrouver à la rue, sans emploi et que, loin de jouir de sa vacance d'emploi, on est désespéré. Telle cette question d'un père angoissé : "Que vont devenir les enfants si je ne trouve pas de travail ?"
Les réalités sont souvent triviales, mais la trivialité la plus ignominieuse consiste à stigmatiser tout et tout le monde. Si les gouvernants tombent dans l'insulte aisée, le jugement a priori, la dénonciation, on est mal partis. Ces petits bourgeois de province se croient sortis tout droit de la cuisse de Jupiter et s'arrogent des jugements à l'emporte-pièce à propos de la présupposée paresse de ceux qui se retrouvent le bec dans l'eau.
Penser ainsi et l'admettre tout haut n'a qu'une seule signification : il s'agit là de mépris patent de la part de quelques privilégiés arrivés au sommet, il s'agit d'une méconnaissance profonde et d'une injustice notoire : tant qu'on n'a pas été touché par le spectre du chômage, on ne peut comprendre les affres de ceux qui cherchent désespérément une issue à leur situation. Cette méconnaissance d'un vécu particulier démontre, s'il en est, combien les élites sont éloignées des réalités. Feraient bien de s'exercer à la compassion plutôt que de donner des coups de poings à ceux qui sont déjà K.O.
commenter cet article …