Ah Ah Ah ! Je suis une porsche. Et Alors ? Quoi, ne suis-je pas magnifique ? N'ai-je pas une ligne séduisante ? Que voudriez-vous que j'aie de plus ? Ou de moins ?
Vous me clouez au pilori parce que j'ai transporté un homme dont la position sociale devrait lui éviter de se montrer dans une telle tire ? Fi donc ! Votre goût pour le vulgaire vous rend jaloux.
D'accord, je l'admets, il serait moins massif, cela sierait mieux à mes coussins. Mais je ne vais pas cracher dans la soupe et je reste fière de l'avoir eu pour passager. Ce n'est pas tous les jours en effet que je vois mes sièges écrasés par le poids d'une telle puissance.
Pourquoi autant de mesquinerie ? Pourquoi en faire tout un fromage ? Que de tapage pour une vétille ! Mais quel est ce peuple qui en veut autant à ceux qu'ils détestent tout en les adulant ? Ils doivent être exemplaires, oui bien sûr, cependant leurs écarts ne sont-ils pas le symbole de leur puissance ? Et s'ils ne se montraient pas parfois sous un jour incompréhensible, seraient-ils aussi connus ? Leur notoriété en fait des proies faciles : ils sont épiés, espionnés, suivis et tout aussitôt critiqués dans leurs moins faits et gestes.
Et moi là-dedans ? Je ne suis qu'une voiture de luxe empruntée par un personnage auquel on ne pardonne pas d'être celui qui peut faire le malheur d'un pays sur le fil du rasoir. Il est exigeant ? Evidemment. Sinon il n'occuperait pas un poste aussi important.
Moi l'objet du délit, je ne renoncerai pour rien au monde au luxe et aux personnages célèbres. Je préfère rire de tout cette cabale qui n'est, au fond, que l'expression d'une jalousie perfide. Le manque de sérieux de cette affaire qui sent l'oeuf pourri m'autorise à me moquer de ces détracteurs qui, disons-le, n'ont pas d'autre comportement que celui dont ils lui font grief.