Et c'est reparti. Partenaires sociaux et représentants du patronat sont à nouveau autour de la table. Si les seconds ont fait quelques concessiions, les premiers n'entendent pas céder un pouce de terrain. Deux jours pour mettre à plat les acquis sociaux. C'est bien peu. C'est trop peu. Le patronat, quelle que soit la représentation des différentes organisations , a sans doute fait un effort mais il ne veut surtout pas entendre parler de taxer les emplois précaires. Les premiers concernés (les PME) calent devant cette exigence syndicale. Cela se comprend : elles n'ont pas les reins assez solides pour assumer une charge supplémentaire. Ce qui rend le MEDEF encore plus assuré de ne rien concéder, sans doute au nom de la solidarité de l'esprit d'entreprise. Louable me direz-vous. Certainement pas. Si la taxe sur les emplois flexibles était acceptée, ils renâcleraient bien plus. Car tous les grands patrons verraient leur trésorerie diminuée et en profiteraient pour ne pas embaucher. D'ailleurs, c'est ce qu'avance le Medef qui prétend que cette taxe supplémentaire ne créerait aucun emploi. A voir. Les syndicats ont-ils des arguments de plomb pour imposer ladite taxe ? On n'en sait rien car rien ne filtre.
C'est quand même étrange qu'après des décennies de sécurité de l'emploi, on en soit arrivé à parler de flexi-sécurité. D'accord, on est en crise. Mais est-ce pour cela qu'il faut provoquer du chômage en veux-tu, en voilà, au nom sacré de l'entreprise et de ses bénéfices ? On a toujours su que la masse salariale n'avait pas d'existence propre et que si elle a pu année après année gagner en pouvoir d'achat et donc en espérance d'une vie plus confortable, elle reste malléable en fonction des bénéfices. Malléable, donc éjectable. D'une certaine manière, alors que c'est elle qui fait la richesse des entreprises, elle n'a pas de réelle existence. Contre elle, il y a le nombre qu'elle représente. Personne n'en avait conscience et chacun s'était assis sur les acquis. La crise, dont d'aucuns ont prétendu qu'elle n'avait rien en commun avec celle de 29, a tout bouleversé. IL faut dire aujourd'hui que la mondialisation n'est pas innocente dans cette affaire, et les banques encore moins. Le tout argent est devenu l'atout premier. Et que je te boursicote par ci, et que je te boursicote par là. Pas étonnant qu'à tout miser sur les marchés, les individus soient laminés par une crise qui s'éternise et qui laissera des traces encore longtemps. Le tout croissance est impossible. Et pas seulement parce que la crise se poursuit insidieusement. Rêver avec pour seul but le toujours plus est incohérent. C'est faire peu de cas de ceux qui triment toute une vie et doivent se contenter de miettes (en regard de ce dont bénéficient les patrons).
Le gouvernement a juré ses grands dieux qu'il en passeerait par la loi si aucun accord n'était trouvé. Il y a de grandes chances pour que les discussions mènent à une impasse, chacun des partenaires ayant bien l'intention de ne pas céder sur leurs revendications ou prétentions. Si tel est le cas, que sera la loi ainsi promulguée ? Bonne question. Une chose est certaine : les gagnants seront les patrons. Devinez qui seront les perdants...