Tout est tellement saucissonné qu'il est impossible de s'en sortir. Je connais une femme de 76 ans qui, le 22 mai prochain, se retrouvera sans toit. Pourtant, ce n'est pas faute de chercher, d'entreprendre des démarches, de s'inscrire de partout, de courir les appartements où qu'ils se trouvent. Systématiquement, on lui refuse la location car elle a un revenu des plus modestes (un peu plus de 700 euros par mois), donc pas crédible. Vu ses revenus et son âge, il va de soi que les bailleurs prennent peur, craignent son insolvabilité mais également le fait qu'on ne pourrait la mettre dehors quand bien même elle paierait son loyer.
Tout l'aspect administratif des différents organismes est un frein car il n'y a pas connexion, par exemple, entre l'assistante sociale et la centrale de la mairie. Et c'est tout à l'avenant. Dossier prioritaire ou pas. Sont prioritaires les personnes réunissant les trois critères que sont la faiblesse des revenus, l'âge avancé, le logement insalubre. Cependant, tous n'ont pas accès au Dalo (droit au logement) : quand ils partent pour cause de vente du bien - ce qui ressemble, à terme, fâcheusement à une expulsion, ils n'ont pas la priorité. Quand un dossier est déposé auprès d'un organisme, il est, la plupart du temps, répercuté auprès des autres, quand il s'agit d'organes publics. Restent ceux du privé, mais là encore, l'accès au logement est tributaire des demandes. Pas de passe-droit même si l'on se retrouve peu après à la rue. Un cycle infernal en quelque sorte. Temps d'attente moyen : deux ans.
Alors que faut-il faire ? Surtout quand on n'a aucune relation susceptible de faire remonter le dossier sur le dessus de la pile... Pour avoir regardé les annonces aujourd'hui, pour 30 m2, le loyer moyen est d'environ 500 euros, sans les charges. Et sans les frais d'agence évidemment. Que faire quand on ne dispose que de 700 euros mensuels ?
Autre détail appris il y a quelques jours : un organisme peut se porter garant pendant 2 ans. Mais il ne peut le faire qu'une fois trouvé l'appartement et non en aval. En bref, quelles que soient les démarches entreprises ou à entreprendre, il y a toujours un obstacle insurmontable. Je ne sais pas si le code du travail est un étouffe-chrétien, un labyrinthe sans issue, mais pour l'accession au logement, c'est le parcours du combattant à chaque pas, sans même l'espoir de trouver un toit. Et on s'étonne qu'il y ait de plus en plus de SDF ?