Les Egyptiens ont obtenu le départ de celui qui gouvernait depuis trop longtemps. (Si on peut appeler "gouverner" brider tout un peuple, lui mettre un couvercle sur la tête, l'empêcher de vivre librement). Leur courage et leur détermination leur a fait remporter une victoire historique. Pourtant, face à eux, il y avait bien du danger : l'armée qui aurait pu ne pas être de leur côté, les partisans de l'ancien président qui contre-manifestaient, les politiques qui atermoyaient... Deux semaines d'une tenue exemplaire du côté des manifestants.
L'heure est à la joie. Mais de quoi sera fait demain ? L'armée assure la période transitoire entre ce départ et les élections qui devront avoir lieu. Elle promet d'être à l'écoute. mais le sera-t-elle ? N'oublions pas que HM était un militaire et que les ministres l'étaient également. C'est donc toujours un pouvoir militaire. Ca peut déraper, d'autant que les manifestants ne veulent plus entendre parler de ce pouvoir-là.
L'état d'urgence, instauré depuis 1981, sera supprimé dès que le conseil militaire aura étudié les revendications et fait des propositions. Une excellente chose. Mais se pose la question du pourquoi de cet état d'urgence qui aura duré 30 ans. Peut-on passer d'un état fort et exerçant un pouvoir de pression à un état démocratique ? La transition sera-t-elle le début d'une nouvelle ère où la liberté sous toutes ses formes pourra exister ?
Certains Egyptiens n'entendent pas cesser leur occupation de la place Tarhir tant qu'ils ne sauront rien de ce qui se prépare et ne veulent plus aucun homme politique de l'ancien régime. Les militaires demandent à ce que chacun rentre chez lui, que le pays reprenne un rythme de vie normal. Le blocage de toute l'économie a mis en danger l'équilibre du pays. Il est certes souhaitable que la vie reprenne son cours, cependant si les opposants à HM baissent leur garde, les gens de pouvoir ne vont-ils pas profiter de l'accalmie pour édulcorer les réformes nécessaires ? Il faudra beaucoup d'intelligence pour que le pays ne retombe pas dans une nouvelle fronde. S'ils sont déçus, même si le départ de HM les satisfait, les Egyptiens n'accepteront plus d'être trompés.