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22 août 2020 6 22 /08 /août /2020 10:29

Quand j'étais môme, nous vivions au-dessus d'une imprimerie. Cela me fascinait : j'allais voir le typographe, un homme aux gestes précis, au regard perçant. Et dont la formation était exigeante. Ce qui me fascinait le plus, c'était la vitesse avec laquelle il alignait les caractères. Il avait le regard fixé sur le brouillon, choisissait les plombs, les alignait et formait les mots sans jamais se tromper d'un seul caractère. Oui, c'était fascinant. En outre, l'odeur de l'encre d'imprimerie était typique : je ne connais pas assez de mots pour développer ce que ce parfum particulier éveillait en moi.

Avoir baigné dans cette atmosphère pendant l'enfance a sans doute participé à éveiller en moi l'amour des mots et des belles compositions. Aujourd'hui, c'est un métier qui a totalement disparu. Parce que le virtuel a remplacé le réel. Ce qui me choque le plus, c'est que les possibilités offertes par la composition artificielle ne semblent plus correspondre aux exigences d'autrefois. L'exemple le plus frappant ? La marge à droite en dent de scie alors que les logiciels permettent d'éviter cet aspect "artisanal". Naviguer vers les journaux en est un exemple : plus jamais de marge à droite alors qu'il est simple comme bonjour de faire en sorte que tout soit bien aligné (et que, de surcroît, tout bon logiciel de texte dispose même du tiret automatique en cas de césure des mots).

On veut tellement aller vite, toujours plus vite... Au détriment du regard que l'on pose sur ces compositions "échevelées"... Restent les livres qui échappent (pour l'instant) semble-t-il, à ce désordre graphique.

Et dire qu'autrefois aucun typographe n'aurait supporté de coquilles... Ils aimaient vraiment la belle ouvrage...

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commentaires

M
Je viens de trouver ton blog en cliquant sur ton nom, chez Loulou.<br /> Mon oncle était imprimeur. Je me souviens des casiers de lettres que j'essayais de disposer verticalement.J'avais des chutes de papier et des catalogues de toutes sortes.<br /> Plus tard, avec mon mari, nous sommes allés à "Libération Champagne" où travaillait son oncle comme typographe. Les rotatives faisaient un bruit énorme. J'étais émerveillée par le plomb qui se refroidissait en formant des mots. Notre oncle en a reçu un jour une giclée sur le ventre. Grave.<br /> J'ai fait partie d'un groupe qui s'occupait du journal de l'école. Il nous fallait récupérer les articles, choisir les caractères et faire les corrections. Même le 3ème correcteur trouvait encore des fautes. Les imprimeurs devaient s'en moquer.
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L
Merci de ton passage ; ça me fait plaisir de trouver quelqu'un qui, comme moi, a vécu dans ce monde aujourd'hui oublié. Le bruit, les odeurs, le regard rivé sur les caractères... Ce sont des moments qui ont nourri mon enfance et mon adolescence. Bonne journée.
L
Oui tout se perd surtout en matière de presse écrite: plus de typographes mais aussi plus de correcteur et ça c'est grave! Quand je vois parfois les lourdes fautes dans les bandeaux ou incrustations des chaînes d'info ou même dans les titres ça me hérisse... Et une collègue secrétaire de mairie m'a dit que lors d'une formation on lui avait appris que Monsieur et Madame ne prenaient plus de majuscule (hors en formule d'appel, encore heureux!) dans le corps des courriers, même lorsqu'il s'agit de s'adresser à la personne, pas seulement de la nommer. Les bras m'en sont tombés, elle a dû mal comprendre c'est pas possible...
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L
Les typographes étaient instruits et connaissaient fort bien notre langue. Il y a toujours eu des correcteurs pour le cas où : c'était des lecteurs, également lettrés. Aujourd'hui, tout cela a disparu ou presque. Les maisons d'édition ont encore des typographes : ça la fout mal les erreurs graphiques. Question d'honneur donc.
N
Faut pas se laisser faire par les directives débiles !
N
Comme j'aime ce post ancré encré !<br /> (les textes non alignés me mettent en rage !!)
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Z
Tu es dans le registre de la nostalgie... Nous avons tous ce genre de regret... Moi c'était plutôt les métiers ambulants comme les vitriers, les raccommodeurs de faïence et les aiguiseurs de couteaux...<br /> Très bonne journée à toi
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M
La technologie ne permet plus l'exercice de l'homme de l'art, uniquement pour des raisons de rentabilité.
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S
Eh oui, la médiocrité, telle un virus sans remède, gagne notre société...
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N
Elle l'a déjà gagnée, non ? ...
L
Et aucun vaccin en vue pour ça, c'est sûr...
F
Où est-il; le temps de la belle ouvrage ?
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N
Dans les limbes ...
T
c' est ce qui éveille la nostalgie !<br /> J' aimais voir ces grosses locomotives suant et crachant, avec ses immenses roues et bielles !<br /> Aujourd'hui, c' est la vitesse qui prime !<br /> Rien ne remplacera les livres, le numérisé manque de vie !<br /> Je comprends parfaitement ces souvenirs qui laissent tant de traces
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