C'est vrai, le président dispose d'une bonne majorité. Mais il faut regarder résultat par résultat. Certains, qui sont désormais dans l'opposition, ont perdu de peu. En effet, le matraquage médiatique d'une victoire écrasante annoncée a, apparemment, convaincu certains de voter autrement ou par fidélité à ceux qu'ils connaissaient depuis quelques années. Certes, la majorité est confortable, mais ce n'est pas la lame de fond attendue. Et c'est tant mieux. Car, même en additionnant tous les résultats de la désormais opposition, le front républicain prôné par certains plus fort que d'autres n'aura pas de réelle marge de manoeuvre.
On peut regretter l'abstention sur tous les tons, elle est habituelle quant aux élections qui ne sont pas une présidentielle. Ce que l'on peut regretter, c'est que la majorité n'aurait pas été semblable, qu'elle aurait été moins évidente. La diversité des opinions est telle qu'il est impossible de rassembler tout le monde sous un seul drapeau. Et là, c'est tant mieux : la pluralité est un signe du bon fonctionnement de la démocratie. Cependant il est regrettable que les partis qualifiés de "petits" n'aient aucun représentant. Refuser de se rendre dans l'isoloir, ce n'est pas pour profiter du beau temps, mais pour montrer combien on est horripilé, voire écoeuré, par le politique. Comment croire encore que les hommes politiques sauront écouter les revendications des uns et des autres ? Comment se leurrer sur une nouvelle génération d'élus qui tomberont très vite, comme leurs prédécesseurs, dans la facilité, l'incurie et le profit ? La désillusion est bien plus importante qu'il ne l'est dit. Ne plus croire à rien et surtout en la politique montre bien une exacerbation intense, un désamour profond, un éloignement de plus en plus grand entre l'élu et le citoyen. L'élu n'a oreille que lorsqu'il s'agit de se faire élire. C'est une surdité de plus en plus constatée par les électeurs qui, du coup, préfèrent l'abstention. Grosso modo, ça peut s'exprimer ainsi : "Vous ne m'écoutez pas, je n'existe pas pour vous, alors je vous ignore. Vous n'aurez pas mon suffrage. Ni vous, ni un autre. A quoi bon perdre mon temps alors que je peux passer un moment paisible en famille ? Vous m'avez rendu inaudible. Je me tais en m'abstenant. Allez vous faire voir."