Qu'elles soient bonnes ou mauvaises, les nouvelles doivent être digérées. Il faut bien un jour entier pour redescendre sur terre et assimiler. Mon effervescence et même mon angoisse jusqu'à dimanche soir me taraudaient fortement. Je craignais le pire. A cause de l'abstention et le vote blanc ou nul.
On aurait pu frôler la catastrophe de bien plus près. Oui, c'est un sacré soulagement de voir que le pitbull a été mis à mal. Son échec est cuisant. Elle savait qu'elle ne serait pas élue, mais pas au point où son score s'est dégonflé malgré les promesses des sondages. Ce qui a fait la différence ? Les grandes métropoles ont voté massivement pour le nouveau président, certains par choix, d'autres pour éviter la confrontation avec l'extrême. Le pays est donc bien coupé en deux. Certains disent quatre. C'est un peu vrai, mais également un peu faux. La colère est sourde depuis longtemps. Alors, au second tour, une certaine frange de la population a opté pour l'abstention (plus de 20 %) ou le nul. Ça fait quand même beaucoup. C'est dire la désespérance.
Je souhaite que le nouveau président agisse dans la bonne direction et qu'il ne pousse pas la population au plus profond des désespoirs. Certaines mesures vont dans le bon sens, notamment en matière d'éducation. Pour moi, c'est l'axe prioritaire : trop d'enfants sont exclus parce qu'ils ne bénéficient pas d'un entourage propice au savoir. Le reste est important, c'est vrai, mais l'exclusion vient d'abord par le manque (ou l'absence) d'éducation. L'école est là pour remédier, au moins en partie, aux différences sociales, qu'elles soient ethniques ou culturelles. L'école pour tous, quel que soit le milieu social, est le lieu où l'on peut gommer l'appartenance originelle. Le savoir est essentiel à l'évolution des esprits, à leur élévation.
Je sais, il a dit qu'il gouvernerait par ordonnances. A-t-il d'autre choix ? Quand on sait la résistance qui, déjà, à droite, se met en marche contre son quinquennat, parce qu'il veut aller vite (5 ans, c'est très court), il ne peut opter pour une solution moins « clivante ». Il doit agir rapidement, pour contrer certaines grognes que rien ne justifie. A peine élu que déjà il est confronté à la tambouille des élus de droite , cette droite qui ne digère pas la défaite et aspire à une revanche dès les premiers jours. On ne peut pas dire que ces gens-là (qui n'ont pas fait grand chose de concret quand ils étaient au pouvoir) sont entrés en résistance dès l'annonce du résultat. Les législatives risquent d'être meurtrières. D'autant que Insoumis, FN, Debout la France et autres opposants ont bien l'intention de présenter leurs candidats sous leur propre étiquette. Cette élection, c'est une bombe à fragmentation. Alors espérons qu'elle ne sera pas meurtrière, même si elle a déjà fait beaucoup de dégâts : décomposition des partis classiques, renforcement de l'extrême-droite... Le pays a besoin de cohérence. Pour survivre. Pour se recomposer. Pour s'apaiser.